Aménager un immeuble de grande hauteur (IGH) : quelles spécificités ?
Tour Montparnasse, gratte-ciels de la Défense, Tribunal de Paris, Tour Part-Dieu… À Paris et partout en France, les Immeubles de Grande Hauteur (IGH) fleurissent. Catégorie administrative, l’IGH désigne les immeubles dont le plancher bas du dernier niveau est situé à plus de 50 mètres de hauteur lorsqu’il s’agit d’habitations, ou 28 mètres pour les autres types de bâtiments.
La construction ex nihilo d’un IGH, nécessitant un permis de construire, doit être supervisée par un architecte. Dans le cas d’un immeuble existant, un architecte d’intérieur et maître d’œuvre pourra vous accompagner pour les travaux d’aménagement de tout ou d’une partie de l’immeuble.
Quelles sont les normes à respecter lors de l’aménagement d’un IGH ? Quels sont les points d’attention à ne pas négliger ?
Pourquoi faire appel à un maître d’œuvre spécialisé ? Le point dans cet article.
L’aménagement des IGH : des normes, des normes et … des normes !
1.Aménagement d’IGH : un environnement réglementaire particulièrement complexe
En juin 2014, un rapport public estime que l’ensemble de normes encadrant la construction et l’aménagement des IGH nécessite une simplification, car il est « difficilement lisible ». Et pour cause. Il n’est pas seulement malaisé pour un non-spécialiste de comprendre ces normes. Parvenir à déterminer l’environnement réglementaire applicable est déjà source de difficultés.
Les textes à respecter sont nombreux et dépendent du type d’IGH ou encore du statut juridique de l’immeuble
Citons l’arrêté du 30 décembre 2011, qui est le Règlement de sécurité IGH, mais aussi Code de la Construction et de l’Habitation (CCH) et Code du travail, notamment lorsqu’il s’agit d’immeubles de bureaux.
Dans le cas d’immeubles de bureaux, qui représentent la majorité des IGH en France en raison du coût élevé de la construction et de l’aménagement, les catégories concernées sont GHW1 (immeubles de bureaux entre 28 et 50 mètres de hauteur) et GWH2 (plus de 50 mètres).
2.Des normes de prévention incendie renforcées : zoom sur trois points d’attention
S’il y a autant de règles applicables à la construction et à l’aménagement des IGH, cela est dû aux exigences de sécurité incendie renforcées pour des immeubles dont les derniers étages ne sont pas accessibles aux échelles des sapeurs-pompiers. Il ne s’agit pas de les énumérer ici, mais plutôt d’en proposer un aperçu avec trois points d’attention.
Le compartimentage
En cas d’incendie dans un grand immeuble, des dispositions qui ralentissent la propagation du feu sont vitales pour la protection des personnes. C’est pourquoi un IGH doit être compartimenté en zones de 2 500 mètres carrés et 75 mètres de longueur au maximum, par étage (sauf exception). Ces compartiments sont séparés par des cloisons, dont les matériaux doivent avoir une résistance au feu d’au moins deux heures.
Entre chaque compartiment, la présence d’une zone de SAS d’un minimum de 3 mètres carrés est obligatoire. Celle-ci obéit également à des normes minimums de pression de l’air, afin d’éviter l’infiltration des fumées. Mentionnons enfin qu’il est obligatoire d’installer des portes coupe-feu, qui se clôturent en cas d’incendie, ainsi que des blocs-portes équipés de ferme-portes.
Le désenfumage
75 % des décès durant un incendie ne sont pas dus aux flammes, mais aux fumées. Outre les moyens de lutte contre l’incendie (extincteurs, robinets d’incendie, sprinklers, colonnes sèches…), l’installation d’un système de désenfumage fait donc partie des points cruciaux pour assurer une maîtrise des risques optimale.
Il s’agit de permettre l’évacuation efficace de la fumée : bouches d’extraction de fumée, conduits de ventilation, coffrets de relayage, dispositifs de soufflage, volets… Les installations sont nombreuses et leurs caractéristiques techniques très encadrées. Ce dispositif doit en outre se mettre en route de manière automatique, grâce à l’installation d’alarmes de détection de fumée.
L’évacuation
L’évacuation d’un Immeuble de Grande Hauteur se fait rarement pour l’immeuble entier : en cas de début d’incendie, l’évacuation partielle du bâtiment, c’est-à-dire des personnes proches du lieu d’incendie, est la norme. C’est pourquoi les alarmes d’évacuation ne doivent être audibles que dans un périmètre limité, et il est possible de n’activer que certaines alarmes, à partir du Poste de Sécurité Incendie (PSI).
C’est aussi pour cela que seuls les ascenseurs ou monte-charges proches du lieu d’incendie doivent être coupés, pour des mesures de sécurité. Le nombre d’escaliers est également réglementé, et il existe des escaliers de secours ainsi que des sorties de secours à déverrouiller en cas d’évacuation.
Pour faciliter l’évacuation des personnes, un système d’éclairage de sécurité pourra être installé. À noter que ce dispositif est obligatoire pour les Établissements Recevant du Public (ERP).
Enfin, la présence d’un service de sécurité incendie et d’assistance à personnes (SSIAP) est obligatoire dans les IGH. Les agents de ce service assurent des missions de prévention et de protection contre les incendies. Ils coordonnent les actions à suivre pour l’évacuation, en cas d’incendie, jusqu’à l’arrivée des secours.
Qu’il s’agisse de construire un IGH ou de l’aménager, les coûts seront beaucoup plus élevés que pour un chantier classique. Cela est dû aux nombreuses installations de sécurité incendie obligatoires, mais aussi à la multiplicité des acteurs impliqués, bureaux de contrôle et prestataires.
1.Le chantier d’IGH : de multiples acteurs à coordonner
Une fois réalisée la déclaration de travaux en IGH (Cerfa n° 13825*02) obligatoire, il vous faudra engager et coordonner le travail de multiples prestataires.
Spécificité des normes sécurité incendie des IGH, d’autres acteurs interviendront également sur votre chantier :
Des bureaux d’études, qui interviennent lors de la conception du projet.
Une commission départementale de sécurité, qui dépend de la Préfecture. Elle visite le chantier tous les deux ans afin de vérifier l’application du règlement de sécurité contre les risques d’incendie.
Un mandataire sécurité, entreprise privée qui est l’interlocutrice des autorités administratives pour le bâtiment concerné.
Un bureau de contrôle, entreprise chargée de vérifier que les normes techniques sont bien respectées.
En plus des entreprises de réalisation classiques (plombiers, menuisiers, etc.), l’aménagement d’un IGH nécessite l’intervention de professionnels spécialisés : entreprises de désenfumage, de systèmes de sécurité incendie et d’alarme.
2.L’architecte d’intérieur maître d’œuvre : votre conseiller et chef d’orchestre
La présence de ces nombreux acteurs contrôleurs ou spécialistes, est requise pour tout chantier d’IGH. Elle présente un risque : une mauvaise gestion de chantier vous expose à une explosion des coûts et des délais.
En effet, le choix et la coordination des acteurs, importants dans tout chantier, sont cruciaux pour les IGH, où ceux-ci sont nombreux et poursuivent des objectifs pas toujours aisés à concilier.
Autre point à considérer : les normes de sécurité incendie, très complexes, sont sujettes à interprétation. Il est donc nécessaire de pouvoir compter sur un conseiller éclairé pour placer le curseur au bon endroit : une mauvaise interprétation de ces dispositions réglementaires peut mettre en danger la vie des personnes ou vous exposer à des surcoûts prohibitifs lors du contrôle, tandis qu’une sur interprétation peut grever votre budget avec des installations non indispensables et extrêmement coûteuses.
Dans ce contexte, faire appel à un architecte d’intérieur et maître d’œuvre, c’est-à-dire un spécialiste de la conception de l’espace et de la direction de chantier, vous permettra d’appréhender l’aménagement de votre IGH avec sérénité. Et peut-être même, de trouver la sortie du labyrinthe normatif des Immeubles de Grande Hauteur.
Pour aller plus loin :
Notre dossier maîtrise d’oeuvre :
L’aménagement d’immeubles de grande hauteur (IGH)
Les étapes d’intervention de l’architecte d’intérieur et du maître d’oeuvre